Baxdrostat permet une réduction significative de la pression artérielle en cas d'hypertension résistante.

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Cette analyse détaillée présente les résultats d'un essai clinique majeur évaluant le baxdrostat, un nouveau médicament destiné aux cas d'hypertension artérielle difficiles à contrôler. L'étude a montré que l'ajout du baxdrostat aux traitements antihypertenseurs existants permettait de réduire la pression artérielle systolique d'environ 9 mm Hg de plus qu'avec un placebo après 12 semaines. Les doses de 1 mg et de 2 mg se sont toutes deux révélées efficaces, bien que la dose plus élevée ait entraîné une réduction légèrement plus marquée. Une surveillance attentive de la sécurité est nécessaire, certains patients ayant présenté une élévation du taux de potassium.

Un nouveau médicament réduit significativement la pression artérielle dans l’hypertension difficile à traiter

Table des matières

Contexte : Comprendre l’hypertension difficile à contrôler

De nombreux patients souffrent d’hypertension artérielle qui persiste malgré la prise de plusieurs médicaments. Cette forme, dite résistante ou non contrôlée, touche des millions de personnes dans le monde et augmente considérablement le risque d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral et de néphropathie.

Les recherches ont montré qu’une hormone, l’aldostérone, joue un rôle clé dans le développement de cette hypertension difficile à traiter. Bien que les antagonistes des récepteurs des minéralocorticoïdes (ARM) existants puissent bloquer ses effets, ils sont souvent sous-utilisés en raison de leurs effets secondaires et peuvent même stimuler à long terme la production d’aldostérone par l’organisme.

Le baxdrostat adopte une approche différente : il inhibe directement l’aldostérone synthase, l’enzyme responsable de la production d’aldostérone. Des études antérieures, plus modestes, avaient montré des résultats prometteurs, en particulier chez les patients atteints d’hypertension résistante, ce qui a conduit à la réalisation de cet essai de phase 3 plus large pour évaluer rigoureusement son efficacité et sa sécurité.

Méthodes de l’étude : Déroulement de la recherche

Il s’agit d’un essai clinique international majeur mené dans 214 centres à travers plusieurs pays. Conforme aux standards scientifiques rigoureux, l’étude était de phase 3, randomisée, en double insu et contrôlée par placebo — ni les patients ni les médecins ne savaient qui recevait le médicament actif ou le placebo.

Les chercheurs ont inclus des patients présentant une pression artérielle systolique en position assise comprise entre 140 mm Hg et moins de 170 mm Hg, malgré un traitement stable par :

  • Deux antihypertenseurs (pour l’hypertension non contrôlée)
  • Trois médicaments ou plus, incluant un diurétique (pour l’hypertension résistante)

Après une période de 2 semaines sous placebo pour établir des mesures de référence, 796 patients ont été répartis de manière égale en trois groupes :

  1. 264 patients ont reçu 1 mg de baxdrostat une fois par jour
  2. 266 patients ont reçu 2 mg de baxdrostat une fois par jour
  3. 264 patients ont reçu un placebo une fois par jour

Tous les patients ont poursuivi leurs antihypertenseurs habituels pendant les 12 semaines de l’étude. L’équipe a mesuré la pression artérielle lors de visites mensuelles à l’aide d’un équipement standardisé et a recueilli des données de sécurité exhaustives, incluant des bilans sanguins réguliers pour surveiller le potassium, le sodium, la fonction rénale et les taux médicamenteux.

Principaux résultats : Données détaillées avec tous les chiffres

L’étude a produit des résultats clairs et statistiquement significatifs, démontrant l’efficacité du baxdrostat pour abaisser la pression artérielle :

À 12 semaines, la réduction moyenne de la pression artérielle systolique était de -14,5 mm Hg (IC 95 %, -16,5 à -12,5) avec 1 mg de baxdrostat et de -15,7 mm Hg (IC 95 %, -17,6 à -13,7) avec 2 mg, contre seulement -5,8 mm Hg (IC 95 %, -7,9 à -3,8) avec le placebo.

Comparé au placebo, le médicament a entraîné une réduction supplémentaire de la pression systolique de -8,7 mm Hg (IC 95 %, -11,5 à -5,8) pour la dose de 1 mg et de -9,8 mm Hg (IC 95 %, -12,6 à -7,0) pour la dose de 2 mg. Les deux résultats étaient hautement significatifs (p<0,001), indiquant une probabilité inférieure à 0,1 % que ces effets soient dus au hasard.

L’étude a également observé des résultats impressionnants en termes de contrôle tensionnel. Près de 40 % des patients sous baxdrostat ont atteint une pression artérielle contrôlée (inférieure à 130 mm Hg systolique), contre seulement 18,7 % dans le groupe placebo. Cela multiplie par plus de 2,9 les chances d’obtenir un contrôle tensionnel avec le baxdrostat.

Lors d’une période de sevrage de 8 semaines après l’étude, les patients passés du baxdrostat au placebo ont vu leur pression artérielle augmenter de +1,4 mm Hg, tandis que ceux poursuivant le traitement ont maintenu une réduction supplémentaire de -3,7 mm Hg, confirmant la nécessité d’un traitement continu pour préserver le bénéfice.

Implications cliniques : Signification pour les patients

Cette recherche représente une avancée majeure pour les patients souffrant d’hypertension difficile à contrôler. La réduction supplémentaire d’environ 9 mm Hg obtenue avec le baxdrostat est cliniquement pertinente — une telle baisse est associée à une réduction d’environ 30 % du risque d’AVC et de 20 % du risque de cardiopathie.

Pour les patients n’ayant pas atteint un contrôle tensionnel malgré plusieurs médicaments, le baxdrostat pourrait offrir une nouvelle option ciblant la surproduction sous-jacente d’aldostérone, souvent en cause dans l’hypertension résistante.

L’efficacité similaire entre les doses de 1 mg et 2 mg suggère que de nombreux patients pourraient bénéficier de la dose inférieure, limitant ainsi les effets secondaires. Toutefois, la réduction légèrement plus marquée avec la dose plus élevée offre aux cliniciens une flexibilité pour adapter le traitement en fonction des besoins et des réponses individuelles.

Limites : Ce que l’étude n’a pas pu démontrer

Bien que cette étude apporte des preuves solides de l’effet hypotenseur du baxdrostat, elle présente plusieurs limites importantes :

La durée de 12 semaines, bien que suffisante pour établir l’effet sur la pression artérielle, ne permet pas de conclure sur la sécurité à long terme ni sur le maintien des bénéfices sur plusieurs années. La phase d’extension en ouvert en cours fournira des données supplémentaires sur la sécurité à long terme.

L’étude s’est concentrée sur les mesures de pression artérielle plutôt que sur des critères cliniques comme les infarctus ou les AVC. Bien que la réduction de la pression artérielle soit connue pour prévenir ces événements, on ne peut pas affirmer directement que le baxdrostat réduit les événements cardiovasculaires — même si cela est plausible sur la base des principes établis.

L’essai a exclu certaines populations, de sorte que l’on ignore comment le baxdrostat se comporte chez les personnes atteintes de néphropathie très avancée, d’événements cardiovasculaires récents ou d’autres affections complexes.

Recommandations : Conseils pratiques pour les patients

Sur la base de ces résultats, les patients souffrant d’hypertension non contrôlée devraient :

  1. Discuter des options médicamenteuses avec leur médecin si leur pression artérielle reste élevée malgré les traitements en cours
  2. Demander un dosage de l’aldostérone en cas d’hypertension résistante, car cela pourrait aider à déterminer si le baxdrostat est approprié
  3. Surveiller régulièrement le potassium si le baxdrostat est prescrit, car 2,3 à 3,0 % des patients ont développé une hyperkaliémie, contre 0,4 % sous placebo
  4. Poursuivre tous les médicaments actuels sauf indication contraire spécifique de leur médecin

Les patients doivent savoir que le baxdrostat n’est pas encore approuvé pour un usage général et reste en cours d’évaluation. Toutefois, ces résultats laissent entrevoir une nouvelle option importante une fois les évaluations réglementaires terminées.

Informations sur la source

Titre original de l’article : Efficacy and Safety of Baxdrostat in Uncontrolled and Resistant Hypertension

Auteurs : John M. Flack, Michel Azizi, Jenifer M. Brown, Jamie P. Dwyer, Jakub Fronczek, Erika S.W. Jones, Daniel S. Olsson, Shira Perl, Hirotaka Shibata, Ji-Guang Wang, Ulrica Wilderäng, Janet Wittes, et Bryan Williams pour les investigateurs BaxHTN

Publication : The New England Journal of Medicine (publié le 30 août 2025)

Enregistrement de l’essai clinique : NCT06034743 sur ClinicalTrials.gov

Financement : Soutenu par AstraZeneca et autres

Cet article adapté aux patients s’appuie sur une recherche évaluée par les pairs initialement publiée dans The New England Journal of Medicine. Il conserve toutes les données scientifiques, les résultats statistiques et les détails méthodologiques de l’étude originale tout en rendant l’information accessible à des patients informés.