Réparation valvulaire mitrale par cathéter. Technique du MitraClip. 5

Réparation valvulaire mitrale par cathéter. Technique du MitraClip. 5

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Le Dr Francesco Maisano, expert de renom en réparation mitrale par cathéter, présente la procédure MitraClip. Cette technique mini-invasive permet de traiter l’insuffisance mitrale. Il explique comment le dispositif reproduit une méthode chirurgicale et compare le MitraClip à l’annuloplastie percutanée. Le Dr Maisano expose également les avantages et les limites actuelles de chaque approche pour différents profils de patients.

Réparation percutanée de la valve mitrale : Procédure MitraClip et options d’annuloplastie

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Qu’est-ce que la procédure MitraClip ?

La réparation percutanée de la valve mitrale offre une alternative mini-invasive à la chirurgie à cœur ouvert pour traiter l’insuffisance mitrale. Le Dr Francesco Maisano présente le MitraClip comme un dispositif conçu pour réaliser une réparation bord-à-bord par cathéter (RBBC). Cette technique reproduit la méthode chirurgicale d’Alfieri, qui consiste à rapprocher les deux feuillets de la valve mitrale.

La procédure est polyvalente : elle traite aussi bien le prolapsus valvulaire mitral dégénératif que l’insuffisance mitrale fonctionnelle. En joignant les feuillets à l’aide d’un clip, l’intervention favorise leur coaptation au niveau de la fuite, ce qui élimine la régurgitation.

Fonctionnement du système MitraClip

Le dispositif MitraClip est essentiellement une pince introduite par voie percutanée. Le Dr Francesco Maisano précise que l’intervention se déroule sous anesthésie générale, avec guidage fluoroscopique et échocardiographie transœsophagienne. L’équipe franchit la cloison interauriculaire pour accéder à l’oreillette gauche et positionne le dispositif face à la valve mitrale.

Les deux bras du MitraClip sont déployés au niveau de la valve. Le dispositif saisit ensuite les feuillets cibles et les assemble. Un avantage majeur est la possibilité d’opérer sur un cœur battant, ce qui permet d’évaluer en temps réel l’effet hémodynamique de la réparation avant l’implantation définitive.

Avantages par rapport à la chirurgie à cœur ouvert

La réparation mitrale percutanée par MitraClip présente des atouts significatifs par rapport à la chirurgie traditionnelle. Le Dr Francesco Maisano souligne le caractère « en direct » de la procédure. En chirurgie ouverte, les chirurgiens opèrent sur un cœur arrêté et doivent anticiper le résultat de la réparation. Avec le MitraClip, le retour visuel et hémodynamique est immédiat.

Ce guidage en temps réel permet d’adapter l’intervention à l’anatomie spécifique du patient. Si le positionnement initial du clip n’est pas optimal, le dispositif peut être relâché et repositionné. Cette approche dynamique, guidée par la physiologie, permet des réparations plus précises et efficaces pour les pathologies mitrales complexes.

Rôle de l’annuloplastie percutanée

L’annuloplastie percutanée cible un autre aspect de la maladie valvulaire mitrale. Le Dr Francesco Maisano note qu’un anneau mitral dilaté est fréquent en cas d’insuffisance mitrale. Cette dilatation crée un déséquilibre entre la taille de l’anneau et le tissu valvulaire, empêchant une coaptation correcte et provoquant une fuite.

Les dispositifs d’annuloplastie visent à réduire la taille de l’anneau, rétablissant ainsi un équilibre anatomique normal. Cette réduction diminue également les contraintes sur l’appareil valvulaire. Le Dr Maisano estime que l’annuloplastie présente un grand potentiel, notamment chez les patients à un stade précoce d’insuffisance mitrale fonctionnelle, avant l’apparition d’un remodelage ventriculaire sévère.

Comparaison des techniques MitraClip et annuloplastie

Le choix entre MitraClip et annuloplastie dépend des caractéristiques du patient et des considérations procédurales. Le Dr Anton Titov et le Dr Francesco Maisano discutent des différences essentielles. Le MitraClip est une solution polyvalente, largement disponible, qui peut souvent être réalisée sans planification préalable extensive.

L’annuloplastie percutanée est actuellement plus complexe. Elle nécessite souvent une planification préprocédurale par scanner cardiaque et comporte un risque plus élevé d’événements indésirables, tels que des lésions coronaires, avec les dispositifs de première génération. Cependant, l’annuloplastie ne laisse aucun implant dans l’orifice valvulaire, préservant les options thérapeutiques futures comme le remplacement valvulaire, ce qui constitue un avantage à long terme significatif.

Perspectives futures dans la réparation mitrale

Le domaine de l’intervention mitrale percutanée évolue rapidement. Le Dr Francesco Maisano anticipe que les dispositifs d’annuloplastie de deuxième génération seront plus conviviaux et plus sûrs. Cette avancée pourrait établir l’annuloplastie comme solution principale pour les maladies précoces.

Les applications futures pourraient s’étendre au traitement de l’insuffisance fonctionnelle des valves mitrale et tricuspide, en particulier chez les patients présentant une dilatation auriculaire. La combinaison de techniques, comme l’annuloplastie suivie d’un clip ou d’un remplacement valvulaire, représente une approche holistique et personnalisée pour la prise en charge des cardiopathies valvulaires complexes sans recours à la chirurgie ouverte.

Transcription intégrale

Dr. Anton Titov, MD : Le prolapsus valvulaire mitral est souvent traité par chirurgie à cœur ouvert. Mais des méthodes de réparation mitrale percutanée mini-invasives ont récemment émergé. C’est une thérapie très prometteuse pour l’insuffisance mitrale. Votre équipe, avec le professeur Ottavio Alfieri, a développé une méthode percutanée particulière de réparation mitrale. Elle s’appelle MitraClip. Qu’est-ce que le MitraClip et comment l’utiliser dans le traitement mini-invasif du prolapsus mitral ?

Dr. Francesco Maisano, MD : Tout d’abord, le MitraClip est conçu pour reproduire la technique dite d’Alfieri. Aujourd’hui, nous parlons plutôt de réparation bord-à-bord par cathéter, ou RBBC. C’est le terme retenu dans les recommandations thérapeutiques, car la RBBC peut être réalisée avec différentes technologies lors d’une même intervention.

Le MitraClip est la méthode la plus utilisée aujourd’hui. Pascal est un dispositif similaire pour la réparation mitrale percutanée, utilisant la même approche. Il s’agit de rapprocher les deux feuillets de la valve mitrale. Qu’un feuillet bouge trop (prolapsus) ou trop peu (restriction), on peut les assembler à l’aide d’un clip, d’une agrafe ou autre. On force ainsi leur coaptation au site de l’insuffisance mitrale. C’est le concept de la technique d’Alfieri.

Cette technique présente un énorme avantage : sa versatilité. Elle s’applique aussi bien au prolapsus mitral qu’à l’insuffisance mitrale fonctionnelle. Peu importe ce qui se passe sous la valve : on joint les feuillets, et cela résout le problème.

Le MitraClip a été développé au début des années 2000 (les travaux ont débuté à la fin des années 1990). Fondamentalement, c’est une pince qui assemble les deux feuillets valvulaires.

La pince est introduite sous guidage fluoroscopique et échocardiographique. Le patient est sous anesthésie générale avec échocardiographie transœsophagienne, qui fournit les images nécessaires à l’implantation. On franchit le septum, on entre dans l’oreillette gauche, on se place face à la valve mitrale, on ouvre la pince. Les deux bras du MitraClip sont déployés, il saisit les feuillets, les rapproche et les assemble. Tout cela se fait dans des conditions physiologiques — c’est toute la beauté de la méthode.

Contrairement à la chirurgie à cœur ouvert, où l’on opère sur un cœur arrêté et où l’on doit anticiper le résultat, avec le MitraClip, tout se passe en direct sur un cœur battant. On voit immédiatement l’effet de son geste. On peut adapter le dispositif à l’anatomie du patient. Si le résultat n’est pas satisfaisant, on peut relâcher la pince et recommencer à une autre position. Les décisions sont guidées par les effets hémodynamiques.

Dans une certaine mesure, c’est une simplification de la chirurgie. Mais c’est aussi plus que cela : c’est une intervention très guidée par l’hémodynamique, qui demande de l’expérience pour prendre les bonnes décisions pendant la procédure.

Dr. Anton Titov, MD : Outre le MitraClip, il existe une autre technique : l’annuloplastie percutanée. Quels sont les avantages et inconvénients de ces deux approches ? Comment les comparez-vous et comment les appliquez-vous au bon patient ?

Dr. Francesco Maisano, MD : L’annuloplastie est une technique chirurgicale courante, réalisée dans chaque réparation mitrale en chirurgie ouverte ou mini-invasive. La raison en est que l’anneau mitral est souvent dilaté chez les patients atteints d’insuffisance mitrale. Il faut donc réduire sa taille pour rétablir l’équilibre entre l’anneau et les feuillets.

Quand l’anneau est trop dilaté, les feuillets ne peuvent plus se toucher au centre — d’où l’insuffisance mitrale. Même si on les joint avec un MitraClip, cela peut créer des tensions et endommager les feuillets. L’annuloplastie permet de rapprocher les feuillets, de rétablir un bon équilibre et de réduire les contraintes.

En principe, l’annuloplastie pourrait être réalisée chez la plupart des patients atteints d’insuffisance mitrale fonctionnelle, surtout aux stades précoces, avant que le ventricule ne se dilate trop. Je crois qu’à l’avenir, elle deviendra la solution principale pour ces patients.

Un autre avantage de l’annuloplastie est qu’elle laisse une empreinte minime. Avec le MitraClip, un implant reste au centre de l’orifice valvulaire, ce qui peut compliquer d’autres interventions comme un remplacement valvulaire. L’annuloplastie, elle, normalise simplement l’anneau, préservant toutes les options futures.

Le principal inconvénient actuel de l’annuloplastie transcathéter est sa complexité. L’imagerie n’est pas encore idéale, les dispositifs sont de première génération. Dès que la deuxième génération sera disponible, ils deviendront plus ergonomiques et plus sûrs. Pour l’instant, on observe encore trop d’événements indésirables : lésions coronaires, implantations insuffisantes, résultats sous-optimaux.

Une autre limitation est que l’annuloplastie nécessite une planification préalable par scanner cardiaque, alors qu’on peut réaliser un MitraClip sans délai en urgence. La disponibilité est donc aussi un facteur.

À l’avenir, je ne serais pas surpris que l’annuloplastie soit de plus en plus utilisée dans les formes atriogènes — par exemple, chez les patients avec un ventricule gauche normal mais de grandes oreillettes. Elle pourrait s’appliquer à la valve mitrale et tricuspide, dans l’insuffisance fonctionnelle ou à un stade précoce de prolapsus, où il n’y a pas encore beaucoup de tension sur les feuillets.