Le Dr Nadir Arber, oncologue de renom, présente des techniques innovantes de thérapie génique pour le cancer colorectal, utilisant des vecteurs viraux et des enzymes du VIH pour cibler les tumeurs. Cette approche expérimentale, qualifiée de « stratégie du cheval de Troie », vise à éliminer sélectivement les cellules cancéreuses tout en préservant les tissus sains. Le Dr Arber explique comment cette plateforme de médecine de précision peut être adaptée à divers cancers, offrant ainsi de l’espoir aux patients en phase terminale. Le traitement repose sur l’identification des voies cancéreuses actives, l’administration de gènes létaux via des virus, et l’utilisation de gènes suppresseurs de tumeurs pour protéger les cellules saines. Le Dr Anton Titov souligne le potentiel transformateur de ces recherches révolutionnaires pour la prise en charge du cancer.
Thérapie génique innovante pour le cancer colorectal : vecteurs viraux et médecine de précision
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- Thérapie génique pour le cancer colorectal
- Stratégie du cheval de Troie dans le traitement du cancer
- Vecteurs viraux et gènes létaux
- Plateforme de médecine de précision pour le cancer
- Enzymes du VIH en cancérologie
- Avenir de la thérapie génique anticancéreuse
- Transcription intégrale
Thérapie génique pour le cancer colorectal
Le Dr Nadir Arber, MD, est un pionnier de la thérapie génique contre le cancer colorectal à l'aide de vecteurs viraux. Ce traitement expérimental s'adresse aux patients en phase terminale, offrant une option de dernier recours lorsque les autres thérapies ont échoué. L'approche consiste à délivrer des gènes thérapeutiques directement dans les cellules cancéreuses, permettant un traitement ciblé et potentiellement plus efficace.
Stratégie du cheval de Troie dans le traitement du cancer
Le Dr Arber décrit la « stratégie du cheval de Troie » comme une méthode novatrice pour combattre le cancer. Cette technique exploite les propres voies de croissance tumorale pour introduire des gènes létaux dans les cellules malignes. En ciblant des mécanismes spécifiques aux cellules cancéreuses, cette stratégie vise à stopper la progression tumorale tout en épargnant les tissus sains.
Vecteurs viraux et gènes létaux
Les vecteurs viraux sont utilisés pour acheminer spécifiquement des gènes létaux vers les cellules cancéreuses. Le Dr Nadir Arber, MD, explique que ces vecteurs sont conçus pour exprimer des anticorps reconnaissant des marqueurs tumoraux spécifiques, tels que CD24. Cela garantit que les gènes thérapeutiques ne sont activés qu'au sein des cellules cancéreuses, préservant ainsi les cellules saines.
Plateforme de médecine de précision pour le cancer
Cette approche de thérapie génique constitue une plateforme de médecine de précision adaptable à chaque patient et à chaque type tumoral. Le Dr Anton Titov, MD, souligne la flexibilité de cette stratégie, qui permet une personnalisation basée sur le profil génétique du cancer, améliorant ainsi potentiellement les résultats thérapeutiques.
Enzymes du VIH en cancérologie
Le Dr Arber explore également l'utilisation d'enzymes du VIH, notamment l'intégrase, en cancérologie. Cette approche innovante exploite l'enzyme pour provoquer des cassures de l'ADN dans les cellules cancéreuses, déclenchant une réponse immunitaire qui conduit à la mort cellulaire. Cette méthode mobilise les défenses naturelles de l'organisme pour cibler et éliminer sélectivement les cellules tumorales.
Avenir de la thérapie génique anticancéreuse
Le potentiel de la thérapie génique pour révolutionner le traitement du cancer est considérable. Le Dr Nadir Arber, MD, et le Dr Anton Titov, MD, évoquent la promesse de ces thérapies de pointe pour transformer le paysage de l'oncologie. En tirant parti de la médecine de précision, la thérapie génique offre un nouvel espoir aux patients confrontés à des pronostics défavorables.
Transcription intégrale
Dr Anton Titov, MD : La thérapie génique comme solution miracle contre le cancer captive l'imagination. Mais les progrès ont été lents. Un expert et chercheur en cancérologie de premier plan partage de nouvelles idées sur la manière de détourner des virus pour traiter les tumeurs.
Dr Anton Titov, MD : Vous travaillez également sur la thérapie génique pour traiter les cancers colorectaux. Vous utilisez des vecteurs viraux. Pourriez-vous nous parler de vos travaux en thérapie génique pour le cancer colorectal ?
Dr Nadir Arber, MD : Oui, il faut préciser que cela reste expérimental. Cette semaine, nous allons réaliser une thérapie génique sur les premiers patients atteints d'un cancer du côlon. Nous administrerons ce traitement à des patients en phase terminale. Il s'agit d'une thérapie compassionnelle. Nous optons pour ce dernier recours car certains patients atteints de cancer colorectal n'ont plus d'autres alternatives.
Dr Anton Titov, MD : Le patient n'a rien à perdre. Il y a beaucoup d'espoir. Mais les attentes concernant la thérapie génique pour le cancer colorectal restent très prudentes. Là encore, nous essayons de penser hors des sentiers battus.
Dr Nadir Arber, MD : Parfois, des cellules normales se transforment en cellules malignes. Elles présentent généralement certaines mutations. Une mutation courante est KRAS. Les cellules cancéreuses se divisent constamment et deviennent tumorales. Ce sont des divisions incontrôlées, pour simplifier.Avec la chimiothérapie ou d'autres traitements anticancéreux, nous essayons de bloquer ces voies moléculaires actives qui transforment les cellules normales en cellules malignes. Généralement, le traitement anticancéreux conduit à un arrêt de la croissance tumorale. Les cellules cancéreuses cessent de croître parce que cette voie active de croissance a été inhibée.
Puis, après un certain temps, le cancer trouve d'autres voies permettant sa progression. La croissance tumorale contourne ce blocage moléculaire. Le cancer reprend alors son activité via d'autres mécanismes moléculaires. En clinique, nous observons souvent qu'après la reprise de la croissance cancéreuse, une détérioration rapide s'ensuit. Le patient atteint de cancer colorectal décède rapidement.
Dans mon laboratoire, nous avons essayé une approche différente. Je l'appelle la stratégie du cheval de Troie. Au lieu d'inhiber ces voies actives de croissance qui n'existent que dans les cellules cancéreuses, nous utilisons les voies moléculaires de la tumeur pour tuer spécifiquement les cancers colorectaux.
Cette stratégie comporte cinq composantes. Premièrement, il faut identifier ces voies moléculaires actives du cancer. Ensuite, il faut déterminer où la voie cancéreuse se connecte au noyau. Ce sont les éléments de réponse de l'ADN. Parfois, le signal de croissance cancéreuse part de la membrane vers le cytoplasme. Puis il entre dans le noyau et ordonne aux cellules de se diviser.
Nous pouvons nous greffer à ce signal, l'identifier, et attacher un gène létal au message. Il ne sera activé que dans les cellules cancéreuses et pas dans les cellules normales. Pour renforcer la stratégie, nous utilisons généralement des virus pour délivrer une construction de gène létal dans les cellules cancéreuses.
Nous voulons apporter la thérapie génique uniquement aux cellules cancéreuses. Nous exprimons à la surface des virus des anticorps spécifiques de CD24. Comme évoqué précédemment, ce marqueur est exprimé dans les cellules malignes mais pas dans les cellules normales. Le dernier composant est que nous exprimons des gènes très létaux basés sur la voie active de croissance cancéreuse.
Nous avons aussi un antidote régulé par les gènes suppresseurs de tumeurs. Ils sont exprimés dans les cellules normales mais pas dans les cellules malignes. Nous pouvons ainsi maintenir l'équilibre en ne tuant que les cellules du cancer colorectal. Comme dans tout système biologique, il existe une certaine « fuite ». Nous pouvons exprimer des antitoxines dans les cellules normales. De cette façon, nous pouvons utiliser des doses encore plus élevées de thérapie génique pour éliminer sélectivement les cellules cancéreuses, tout en préservant les cellules saines.
Dr Nadir Arber, MD : Cette thérapie génique du cancer colorectal est très prometteuse. Son avantage ? C'est une plateforme adaptable à de nombreux types de cancer. Elle n'est pas limitée à un cancer spécifique. Grâce à cette stratégie, vous pouvez modifier chaque composant. Vous pouvez adapter la thérapie génique anticancéreuse au patient ou à la tumeur. C'est la médecine de précision à son meilleur. C'est très encourageant.Nous regardons vers l'avenir. Cela pourrait changer le paysage de la thérapie anticancéreuse. Et c'est clairement l'objectif de tout clinicien et chercheur-clinicien. Absolument !
Un autre essai clinique que nous menons actuellement utilise un nouveau médicament employé contre le VIH. Il exploite l'intégrase du virus. Nous utilisons cette technologie pour traiter le cancer. C'est un essai clinique que nous débutons maintenant. Les perspectives sont très prometteuses.
Dr Nadir Arber, MD : C'est ainsi que nous utilisons certains virus développés dans mon laboratoire comme traitement anticancéreux. Nous ciblons spécifiquement les cellules cancéreuses, et seulement elles. Les virus apportent cette enzyme intégrase. Elle provoque des coupures dans l'ADN. Quand il y a de nombreuses coupures, le système immunitaire reconnaît ces cellules comme cancéreuses. Les cellules immunitaires déclenchent alors le programme de mort cellulaire, l'apoptose. Cela élimine sélectivement les cellules cancéreuses.C'est un nouveau traitement anticancéreux fascinant. C'est une pensée « hors des sentiers battus ». La thérapie génique anticancéreuse pourrait offrir un espoir supplémentaire dans le traitement du cancer. C'est certainement intéressant. Parce qu'elle utilise une vraie médecine de précision. Oui, c'est la voie à suivre !