La curcumine contribue à la prévention du cancer colorectal. Dosage du curcuma à visée préventive. 11

La curcumine contribue à la prévention du cancer colorectal. Dosage du curcuma à visée préventive. 11

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Le Dr C. Richard Boland, MD, expert de renommée mondiale en prévention du cancer colorectal, explique comment la curcumine — le principe actif du curcuma — réduit l’inflammation et pourrait prévenir le cancer du côlon. Les études indiquent que les populations consommant 300 mg par jour présentent des taux de cancer 20 fois plus faibles. Les essais cliniques confirment l’innocuité de la curcumine, même à des doses élevées de 12 grammes, tout en modulant des voies clés du cancer comme NFKB et la méthylation des gènes.

Bénéfices de la curcumine dans la prévention du cancer colorectal : posologie et mécanismes

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Protection de la curcumine contre le cancer du côlon

Le Dr C. Richard Boland, MD, souligne des données épidémiologiques frappantes : les régions où la consommation de curcuma est élevée—comme l’Inde—présentent des taux de cancer colorectal jusqu’à 20 fois inférieurs à ceux des populations occidentales. Le gastro-entérologue explique que cette corrélation a été mise en lumière grâce à son collègue le Dr Ajay Goyal, qui a reconnu l’usage traditionnel de la curcumine en Inde comme agent à la fois antimicrobien et anti-inflammatoire.

Posologie optimale du curcuma en prévention

Un régime alimentaire indien typique apporte environ 300 mg de curcumine par jour (soit 100 mg par repas), ce qui, selon le Dr Boland, pourrait contribuer à une protection anticancéreuse sans toxicité. Des essais cliniques ont testé des doses allant jusqu’à 12 grammes par jour en toute sécurité, bien que le chercheur souligne que des quantités culinaires plus faibles offrent probablement déjà des bénéfices préventifs. Cela contraste avec les agents pharmaceutiques préventifs, qui ont échoué en raison d’une toxicité inacceptable.

Mécanismes anti-inflammatoires

L’action préventive principale de la curcumine contre le cancer repose sur l’inhibition de la molécule NFKB, un régulateur clé de l’inflammation impliqué dans le développement tumoral. Le Dr C. Boland, MD, explique que, contrairement aux médicaments à cible unique, la curcumine module plusieurs voies—une caractéristique partagée par de nombreux composés naturels. Des centaines d’études démontrent sa capacité à « éteindre » les cascades inflammatoires dans des modèles de laboratoire et animaux.

Effets sur la régulation génique

Le composé influence de manière unique les profils de méthylation de l’ADN, réactivant les gènes suppresseurs de tumeurs silenciés, et ce, différemment des agents déméthylants pharmaceutiques comme la 5-azacytidine. Le Dr C. Richard Boland, MD, note que cette régulation épigénétique, combinée à ses actions anti-inflammatoires, crée une défense multidimensionnelle contre l’initiation cancéreuse—en particulier pour les cancers d’origine inflammatoire comme le cancer colorectal.

Preuves issues d'essais cliniques

Les essais de phase précoce montrent des résultats prometteurs pour la curcumine dans la rectocolite hémorragique et la polypose familiale—des affections à haut risque de cancer. Le Dr Boland décrit des recherches en cours explorant son potentiel comme agent préventif autonome ou comme adjuvant à la chimiothérapie, notamment pour les cancers présentant une hyperméthylation génique. Cependant, il met en garde : les applications cliniques optimales nécessitent des études supplémentaires.

Profil de sécurité

Aucune toxicité n’a été observée, même à des doses 40 fois supérieures à l’apport alimentaire typique (12 g contre 300 mg). Le Dr C. Boland, MD, souligne la marge de sécurité exceptionnelle de la curcumine, qui contraste fortement avec les agents préventifs synthétiques, souvent abandonnés en raison d’effets indésirables. Le chercheur note que les siècles d’usage culinaire du curcuma offrent une reassurance supplémentaire quant à sa sécurité à long terme.

Approche de médecine intégrative

Le Dr C. Richard Boland, MD, préconise le modèle de médecine intégrative—valider d’abord la sécurité des remèdes traditionnels, puis étudier leurs mécanismes—comme l’illustrent les études sur la curcumine. Il oppose cela au taux d’échec élevé du développement médicamenteux conventionnel, citant la métaphore du « vallée de la mort » du Dr Francis Collins pour les composés prometteurs en laboratoire qui échouent dans les essais humains. Pour des options à faible risque comme la curcumine, le Dr Boland suggère que « relever vos plats » offre des bénéfices potentiels pendant que la recherche se poursuit.

Transcript intégral

Dr. Anton Titov, MD : La curcumine réduit l’inflammation. Comment prévient-elle le cancer du côlon ? Le risque de cancer colorectal est le plus bas dans les régions où la consommation de curcumine est la plus élevée. Les personnes en Inde ont 20 fois moins de cancer du côlon que dans certaines régions européennes. Quelle quantité de curcumine faut-il consommer pour réduire ce risque ?

Dr. C. Boland, MD : La curcumine est le principal pigment jaune et composant actif du curcuma. Elle possède une activité anti-inflammatoire et anticancéreuse démontrée.

Dr. Anton Titov, MD : Vous avez publié plusieurs essais cliniques fascinants montrant que le cancer colorectal peut être prévenu par la curcumine. Comment agit-elle ? Quelle quantité faut-il consommer pour bénéficier de cet effet protecteur ?

Dr. C. Boland, MD : Depuis mes débuts en recherche sur le cancer, je m’intéresse aux moyens de prévention. Plusieurs médicaments préventifs sont apparus puis ont été abandonnés en raison d’une toxicité significative.

Le Dr Ajay Goyal, PhD, a soulevé l’idée de la curcumine dans le cancer colorectal. C’est mon proche collaborateur. Originaire d’Inde, où la consommation de curcumine est élevée, il connaissait ses effets biologiques—anti-inflammatoires et antinéoplasiques.

Il existe littéralement des centaines d’articles scientifiques montrant, en laboratoire et sur animaux, à quel point la curcumine est puissante pour éteindre l’inflammation. Le Dr Goyal me racontait qu’en Inde, certaines mères appliquent de la curcumine sur les égratignures cutanées des enfants comme pansement. Elle est donc utilisée comme substance antimicrobienne.

L’Inde présente une des plus faibles incidences de cancer colorectal au monde. Dans certaines régions d’Amérique du Nord et d’Europe, l’incidence est 20 fois plus élevée. Et dans les régions indiennes où le risque est le plus bas, la consommation de curcumine est la plus élevée.

Mais l’histoire est complexe. L’apport calorique total est plus faible chez les Indiens. Un apport réduit est connu pour avoir un effet anticancéreux. Il y a beaucoup de végétariens en Inde, et la plupart des hindous ne consomment pas de bœuf. Tous ces facteurs alimentaires participent à la réduction du risque.

Un régime indien typique contient environ 100 milligrammes de curcumine par repas, soit 300 milligrammes par jour. Si la curcumine est si puissante pour réduire l’incidence du cancer colorectal en Inde, il s’agirait d’une dose très faible pour avoir un effet anticancéreux.

300 milligrammes de curcumine n’ont aucun effet toxique. Dans un essai clinique de phase 1, on pouvait administrer jusqu’à 12 grammes par jour sans toxicité. Mais la curcumine réduit les niveaux de la molécule NFKB dans les lymphocytes.

De nombreuses tentatives ont été faites pour comprendre comment la curcumine prévient le cancer. Si vous examinez la plupart des médicaments préventifs, vous verrez un schéma de voie biochimique. Le médicament aura une flèche pointant vers une partie de cette voie où il exerce son effet.

Mais la curcumine a été largement étudiée et elle a de nombreux effets—de nombreuses flèches indiquent où elle agit. Elle régule la méthylation et réduit également le niveau de NFKB. Elle semble donc avoir un large spectre d’actions.

Un des effets de la curcumine en laboratoire est de déméthyler les gènes silenciés. Nous pouvons la comparer aux médicaments plus toxiques utilisés en laboratoire pour déméthyler les gènes. La curcumine agit différemment et déméthyle différents gènes que la 5-azacytidine.

Quelques petits essais cliniques sur la curcumine ont été réalisés. Ils ont montré un effet bénéfique dans la rectocolite hémorragique chronique. Elle pourrait aussi aider à réduire le risque cancéreux dans la polypose familiale. Elle peut donc être utile dans les maladies inflammatoires chroniques et les maladies polypoïdes.

De nombreuses équipes cherchent à utiliser la curcumine comme médicament préventif primaire, ou même dans le traitement du cancer. Certains cancers présentent une hyperméthylation génique importante. On pourrait alors l’utiliser conjointement avec la chimiothérapie, pour potentialiser l’effet antitumoral.

Le principal avantage de la curcumine est qu’elle a de nombreux effets biologiques et apparaît très sûre. Mais nous ne savons pas encore exactement comment l’utiliser pour prévenir ou traiter le cancer. Dans les prochaines années, nous pourrons peut-être déterminer son usage optimal.

À tout le moins, vous pouvez relever vos plats. Il n’y a rien de mal à cela ! C’est un des principes de la médecine intégrative—si quelque chose est utilisé depuis longtemps, prouvé sûr, et pourrait avoir un effet bénéfique, alors la charge de preuve quant à son utilisation est différente.

Dr. Anton Titov, MD : J’ai réalisé des entretiens au Centre de médecine intégrative de l’UCSF. Nous avons parlé de substances potentiellement très sûres qui pourraient être bénéfiques en prévention et traitement du cancer.

Dr. C. Boland, MD : C’est un point très pertinent. Car nous inversons la direction de la découverte. Une méthode de recherche médicale consiste à trouver un médicament en laboratoire ayant un effet bénéfique, à montrer dans des essais précliniques qu’il fonctionne chez les souris sans les nuire, puis à conduire des essais cliniques chez l’humain.

Mais la plupart des médicaments finissent par mourir dans ce que le Dr Francis Collins appelle la « vallée de la mort ». De nombreux candidats-médicaments échouent en essais cliniques. Une autre approche consiste à prendre une substance utilisée depuis longtemps et connue pour être sûre, puis à tester si elle a des effets biologiques.

Chacune de ces méthodes a ses forces et faiblesses. Mais au moins dans le cas de la curcumine et d’autres épices—gingembre et poivre—nous savons qu’elles sont sûres. Nous pouvons ensuite travailler à déterminer comment les utiliser et quelle est la dose efficace pour le traitement ou la prévention du cancer.